Sur le mode du constat, sans accusation, porter un regard sur le réel. Interroger le monde tel qu’il est : l’épuisement des énergies fossiles, la dérive capitaliste vers la financiarisation, l’exploitation du plus grand nombre au profit de quelques nantis, la surveillance permanente…
Pour éviter l’écueil du pessimisme morbide, le télescopage des signifiants donne à lire du signifié. Les titres révèlent les jeux du langage comme autant de fragments poétiques. Avec humour et ironie, comme une pensée de l’absurdité que tout reste possible. Alors que l’homme est absent, ne sont visibles que les traces de sa présence au monde sur le plan politique, économique et écologique. Parfois, certaines figures animales illustrent ces fables contemporaines.
Un travail d’atelier dans lequel s’élaborent les pièces exprimant la pensée par le geste. Un façonnage qui inscrit la temporalité dans les strates de la matière. Une parfaite maitrise technique qui autorise le passage d’un medium à un autre. Les objets plastiques sont aussi agencés pour former des dispositifs ou prendre possession des espaces in situ.
Le plaisir du faire.
La couleur et ses variations chromatiques. La matière et ses variations de textures. Les artifices de la fourrure et des paillettes. Toute tentation de facilité stylistique est évitée. La constante prise de risques permet de renouveler les angles d’attaque tout en garantissant la constance du propos, qui s’exprime aussi par le texte… Exercice périlleux s’il en est, que l’art : mais il s’agit d’une nécessité permanente d’être. Sans tomber dans l’expérience solipsiste, c’est offrir à autrui des éclairages possibles sur l’état du monde. Une utopie envisagée comme potentiellement réalisable.
Nathalie Poisson-Cogez
Professeur d’Enseignement Artistique à l’Ecole Supérieure d‘Art du Nord-Pas de Calais (Dunkerque-Tourcoing) / Membre de l’A.I.C.A (Association Internationale des Critiques d’Art) / Chercheur associé au Laboratoire CECILLE (Lille 3) et à la Chambre d’eau (Le Favril)